Les souvenirs bleus galopent depuis la nuit des
temps à la croisée des espaces.
Ces images
sont réalisées à partir de souvenirs d’enfance racontés par les 5 membres de
notre collectif mais sortis de leur contexte pour être remis en scène.
Les figurines sont d’abord dessinées au sylo-bille,
impressions nées du récit sans toutefois tout raconter. (Les lieux, les autres
protagonistes sont omis pour ne conserver qu’un geste, une attitude.) Puis
elles sont découpées et placées dans une maison de poupée désertée depuis
longtemps. Murs blancs, un peu de lumière : elles sont un moment des ces
souvenirs mais comme observé à la dérobée, derrière une porte ou à la faveur
d’une lumière venue du dehors. La photographie furtive met en évidence les jeux
d’ombres, de volumes qui s’associent à la figure du souvenir. L’image ainsi
obtenue est encadrée dans une boîte blanche, 4 murs.
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5 ans avec mon frère Marc 8 ans. Cueillette de mûres avec ma mère et mon
grand-père. Au retour, Marc et moi prenons place avec notre récolte dans le
coffre de l’ami 8. Bagarre de mûres (mon frère était un spécialiste des armes
fruitières : pommes, noyaux de cerises etc…) À l'arrivée mon visage, ma robe et
l’intérieur du coffre sont barbouillés du jus des mûres. Nettoyage du coffre !
« C'est comme ça que tu élèves tes enfants ? » demande mon grand-père.
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Je dois avoir 8 ou 9 ans. Je suis vêtue d'une robe
bleue marine à pois blancs. J'ai un chignon volumineux sur le sommet de la tête
agrémenté d'un ruban coordonné à ma robe. Mes yeux sont maquillés d'un peu de
bleu. Ma main droite porte une boite de lessive dont le carton est recouvert de
Vénilia fleuri ; y sont rangées de hautes bottes blanches à petits talons et
long laçage. Ma main droite tient un bâton métallique aux embouts blancs, ronds
et lourds. Je suis fière d'être avec des "grandes". Je les écoute
raconter leurs histoires de garçons.
Tout à l'heure, elles lanceront leurs bâtons bien plus
haut que moi. Mais aucune n'a un aussi beau chignon que le mien !
Je suis une majorette.
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Je me souviens, l’été à la campagne, j’ai 12 ans,
petite robe rose à volants et sandales roses à paillettes en plastiques année
80. Je pars vers la cascade, le jeune garçon de 10 ans, Eric, qui est avec nous
à la maison de vacances, me suit et me dit sans cesse « ich liebe dich ». Je
presse le pas et arrive à m’éloigner. Arrivée à la cascade je tente la
traversée pour le semer. Je perds une sandale dans le courant de l’eau.
Surprise je continue mes pas glissants et je perds ma deuxième sandale rose. Ma
jolie paire …disparue à jamais dans les volutes de la rivière et Eric caché
dans les herbes.
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J'ai trois ou quatre ans, mes grands-parents m'ont
offert un tigre en peluche plus grand que moi. Je joue au coiffeur et je coupe
les poils de mon tigre. Ils ne repousseront pas comme je m'y attendais. Ma
grand-mère est très fâchée. Mais pour moi ça ne change rien, j'aime toujours
autant mon tigre.
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J’ai 8 ans….plus ou moins, je ne sais plus. C’est l’hiver, il fait froid et
il est très tard. Nous allons dormir chez mes grands parents. Ma mère me dit
d’aller me déshabiller devant le poêle et de mettre mon pyjama. Je suis de
mauvaise humeur, fatiguée sans doute. Je m’exécute en râlant. Je me penche en
avant, je baisse mon pantalon et ma culotte. J’ai sans doute mal évalué la
distance qui me séparait du vieux poêle qui diffuse sa douce chaleur dans toute
la salle à manger. Mes deux petites fesses d’enfant se colle à la vitre
réfractaire. Je hurle de douleur, sévèrement brûlée. Ma mère, qui n’a pas
assisté à la scène croit que je continue à râler pour ne pas aller au lit. Elle
m’ordonne de monter dans ma chambre. Je gravis l’escalier en pleurant et je me couche
sur le ventre les fesses à l’air. J’entends la voix de ma mère qui résonne : «
Je vais monter te mettre une fessée, tu vas savoir pourquoi tu pleures » et moi
je ne pense qu’à une chose « Oh, non, pitié !!! pas les fesses, pas les fesses
».
Ma mère arrive, elle constate l’ampleur des dégâts et comprend ce qui vient
de se passer. J’ai droit à un gros câlin et à l’application d’une crème
réparatrice.
Je vais garder la trace de cette agression carbonisante longtemps. Un rond
rouge sur chaque fesse qui s’estompera de manière concentrique au fil des
années. Aujourd’hui, heureusement, plus aucune trace de cette mésaventure.
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